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Le grand retour de Vénus...

Tout semble déjà avoir été dit au sujet du passage (ou transit) de Vénus devant le Soleil dans la matinée du 8 juin 2004 (1er contact vers 7h20 heure locale pour Paris ; maximum vers 10h22 ; dernier contact vers 13h23). Des milliers de sites dédiés au sujet existent sur la toile d’Internet et des centaines de sites ont prévus de montrer les images en temps réel. Celui de la mission spatiale SoHO (ESA/NASA) et celui de TRACE (Lockheed et NASA) battront des records d’audience mais celui de l’ESO, qui a lancé une grande opération « éducative », ne sera sûrement pas en reste. Le passage de Vénus fera l’objet de très nombreuses mesures des instants de contact en vue de déterminer la parallaxe du Soleil et donc la  distance moyenne Terre-Soleil ou Unité astronomique. Rappelons que par définition et sur le plan strictement scientifique, cette mesure est obsolète. 

Plus prêt de nous, le site de l’Observatoire de Paris-Meudon (BASS 2000 notamment), celui de l’IMCCE  et dans une moindre mesure, celui de la SAF hébergé par l’IAP, ont depuis longtemps prévu l’événement.

Des millions de curieux seront à l’affût, y compris des amateurs d’astronomie dont certains se sont pour la circonstance, équipés d’instruments spécialisés et coûteux. Le danger ophtalmique (et ophtalmologique) est grand. Il convient avant tout de prévenir ces accidents (voir notre affiche ci-jointe). La vision en direct à travers des lunettes ou lorgnons protecteurs genre lunette d’éclipses est fortement déconseillée et d’ailleurs elle n’offre que très peu d’intérêt (sans grossissement, la planète sera a peine visible). Utiliser une lunette astronomique ou un télescope ne peut se faire qu’avec d’énormes précautions et avec des filtres spéciaux placés devant l’objectif ou l’entrée du télescope. La seule méthode praticable en public est la méthode par projection. Tous les amateurs savent le faire et des dispositifs spéciaux (Vénuscopes ; Solarscopes) sont en vente pour l’occasion.
 

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Du côté des scientifiques

L’équipe de l’IAP et de l’Observatoire de Paris (P. Rocher ; D. Crussaire ; J-M. Munier ; J. Mouette ; K. da Rosa ; L. Contesse ; S. Koutchmy et quelques autres), qui s’est formée pour tenter une observation intéressante du phénomène, est partie d’une idée simple : aucune observation n’a encore jamais été réalisée avec les moyens modernes (filtres interférentiels ; caméra CCD ; absence d’aberrations chromatiques ; traitement informatique rapide des images, etc.) puisque ces moyens n’existaient pas au moment du dernier passage en 1882. Les témoignages et relations visuelles faites à l’occasion des derniers passages évoquent des phénomènes astrophysiques intéressants en rapport avec l’atmosphère de Vénus, phénomènes  assez comparables à des mirages : phénomène d’auréole ; cercle lumineux autour de la planète avec certains angles de phase privilégiés ; contour de la planète plus ou moins visible avant les contacts, etc. Par ailleurs, les instants des contacts sont déterminés par des dispositifs sensibles aux phénomènes de réfraction dans l’atmosphère de Venus et, pour commencer, par l’existence même de cette atmosphère qui détermine des « contacts » différents de ceux qui seraient mesurés sans cette atmosphère épaisse (environ le 1/100ème du rayon de la planète !). 

Enfin, l’assombrissement à l’extrême bord du Soleil joue évidemment un rôle non négligeable et quelque peu opposé à celui de l’atmosphère de la planète. Tout ceci permet de définir une expérience à réaliser avec un réfracteur certes ancien (la lunette Arago, de l’Observatoire de Paris, de 38 cm d’ouverture et de 8.64 m de focale) mais reconnu pour donner de bonnes images.

Un intérêt scientifique certain réside dans la possibilité d’observer à cette occasion l’extension de la chromosphère, grâce à sa raie H alpha qui émet bien au delà du disque solaire. En observant dans cette raie on réduit l’effet de l’assombrissement de l’extrême bord et bien entendu, le contour de la planète est perceptible bien avant qu’elle n’aborde le disque solaire.


 

 

 

 

Bientôt, des images du passage sur le disque seront enregistrées à bord de SOHO à l'aide de l'expérience EIT. Pour l'instant, c'est l'instrument LASCO/SOHO qui permet de voir arriver la planète (gros point surexposé à gauche de la couronne solaire).

 

 

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En complétant les observations au sol avec celles qui seront faites dans l’espace (EIT/SoHO, et surtout, TRACE), l’épaisseur réelle de la chromosphère pourra être mesurée, et l'atmosphère de Vénus sondée. Les images critiques porteront sur les contacts et donc les instants où les phénomènes dus à l’atmosphère de la planète sont les plus marqués.

Grâce à du matériel essentiellement prêté (notamment en ce qui concerne les filtres H alpha) et grâce à l’aide de J-P. Aoustin (Chef mécanicien à l’ObsPM) et de l’équipe du SFRS (Service du Film de Recherche Scientifique/Education Nationale), il a été possible de préparer 2 expériences d’imagerie rapide au foyer de la lunette Arago en vue d’étudier les extensions de la chromosphère solaire ainsi que les mirages dans l’atmosphère de Vénus, à condition évidemment d’avoir un ciel dégagé durant ces observations… De plus, à l’aide du petit sidérostat installé dans la coupole de l’IAP, il sera possible de tenter de réaliser quelques spectres CCD sur la planète durant le passage sur le Soleil en vue de simuler un diagnostic utile pour la recherche des exo planètes.

Nous rappelons que l’Institut d’astrophysique n’organise aucune observation publique de cet évènement. Voir plutôt le site de l’Observatoire de Paris.

Serge Koutchmy
 

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juin 2004