L’équipe de l’IAP et de l’Observatoire de
Paris (P. Rocher ; D. Crussaire ; J-M. Munier ; J. Mouette ; K.
da Rosa ; L. Contesse ; S. Koutchmy et quelques autres), qui s’est
formée pour tenter une observation intéressante du phénomène, est
partie d’une idée simple : aucune observation n’a encore jamais été
réalisée avec les moyens modernes (filtres interférentiels ; caméra
CCD ; absence d’aberrations chromatiques ; traitement informatique
rapide des images, etc.) puisque ces moyens n’existaient pas au
moment du dernier passage en 1882. Les témoignages et relations
visuelles faites à l’occasion des derniers passages évoquent des
phénomènes astrophysiques intéressants en rapport avec
l’atmosphère de Vénus, phénomènes assez comparables à des
mirages : phénomène d’auréole ; cercle lumineux autour de la
planète avec certains angles de phase privilégiés ; contour de la
planète plus ou moins visible avant les contacts, etc. Par ailleurs,
les instants des contacts sont déterminés par des dispositifs
sensibles aux phénomènes de réfraction dans l’atmosphère de Venus
et, pour commencer, par l’existence même de cette atmosphère qui
détermine des « contacts » différents de ceux qui seraient mesurés
sans cette atmosphère épaisse (environ le 1/100ème du
rayon de la planète !).
Enfin, l’assombrissement à l’extrême bord du Soleil joue évidemment
un rôle non négligeable et quelque peu opposé à celui de
l’atmosphère de la planète. Tout ceci permet de définir une
expérience à réaliser avec un réfracteur certes ancien (la lunette
Arago, de l’Observatoire de Paris, de 38 cm d’ouverture et de 8.64 m
de focale) mais reconnu pour donner de bonnes images.
Un intérêt scientifique certain réside dans
la possibilité d’observer à cette occasion l’extension de la
chromosphère, grâce à sa raie H alpha qui émet bien au delà du
disque solaire. En observant dans cette raie on réduit l’effet de
l’assombrissement de l’extrême bord et bien entendu, le contour de
la planète est perceptible bien avant qu’elle n’aborde le disque
solaire.
Bientôt, des images du passage sur le
disque seront enregistrées à bord de SOHO à l'aide de l'expérience
EIT. Pour l'instant, c'est l'instrument LASCO/SOHO qui permet de
voir arriver la planète (gros point surexposé à gauche de la
couronne solaire).
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(1024 x 1024 pixels)
En complétant les observations au sol avec
celles qui seront faites dans l’espace (EIT/SoHO, et surtout,
TRACE), l’épaisseur réelle de la chromosphère pourra être mesurée,
et l'atmosphère de Vénus sondée. Les images critiques porteront sur
les contacts et donc les instants où les phénomènes dus à
l’atmosphère de la planète sont les plus marqués.
Grâce à du matériel essentiellement prêté
(notamment en ce qui concerne les filtres H alpha) et grâce à l’aide
de J-P. Aoustin (Chef mécanicien à l’ObsPM) et de l’équipe du SFRS
(Service du Film de Recherche Scientifique/Education Nationale), il
a été possible de préparer 2 expériences d’imagerie rapide au foyer
de la lunette Arago en vue d’étudier les extensions de la
chromosphère solaire ainsi que les mirages dans l’atmosphère de
Vénus, à condition évidemment d’avoir un ciel dégagé durant ces
observations… De plus, à l’aide du petit sidérostat installé dans la
coupole de l’IAP, il sera possible de tenter de réaliser quelques
spectres CCD sur la planète durant le passage sur le Soleil en vue
de simuler un diagnostic utile pour la recherche des exo planètes.
Nous rappelons que l’Institut
d’astrophysique n’organise aucune observation publique de cet
évènement. Voir plutôt le site de l’Observatoire
de Paris. |