ÉCLIPSE DE SOLEIL OBSERVABLE EN FRANCE LE 20 MARS 2015
La Lune passera devant le disque du Soleil dans la matinée du 20 mars prochain. L'éclipse totale ne sera observable que depuis quelques terres émergées, aux Îles Féroé et dans l'archipel norvégien du Svalbard. Les phases partielles de cette éclipse seront en revanche observables depuis la France métropolitaine, approximativement entre 9h20 et 11h40 (heure locale) le matin du vendredi 20 mars.
Au maximum de l'éclipse observable à Paris, à 10h30, le Soleil sera masqué à près de 80% par la Lune. Les précautions habituelles seront indispensables pour l'observer en toute sécurité, par exemple en utilisant des lunettes spéciales pour les éclipses. Cette éclipse sera très semblable à l'éclipse de Soleil, plus favorable car totale, qui fut observée en France le matin du 15 février 1961. En effet, les éclipses se reproduisent de manière similaire et à peu près au même endroit avec une période de 54 ans et 33 jours, un cycle appelé Exeligmos. Peu de personnes ont pu observer deux éclipses d'un même Exeligmos ; cela sera possible le 20 mars prochain pour les personnes qui ont eu la chance dans leur jeunesse d'observer l'éclipse du 15 février 1961.
Vaste intérêt public
De très nombreuses excursions vers les Îles Féroé, et même la plus grande île du Svalbard, le Spiztberg, sont organisées pour tous les amateurs du spectacle naturel offert par la rencontre dans le ciel de la Lune et du Soleil (sous réserve d'un ciel clair - sans nuages). Des périples en bateau et en avion sont également organisés et le ciel sera encombré au large de l'Islande à l'heure de la totalité. L'engouement est considérable (au moins 6 vols charter). À noter que les marées seront particulièrement fortes à cette époque, l'éclipse se produisant proche de l'équinoxe et du passage de la Lune à son périgée (marée de coefficient 119 le 21 mars).
Observations scientifiques durant la totalité
Des équipes internationales observeront la couronne solaire au sol et en avion, afin de compléter les observations spatiales de la NASA et de l'ESA dans les rayons X, dans l'ultraviolet extrême, ainsi qu'en lumière blanche, à l'aide de coronographes (voir Fig. 1). Au sol, plusieurs équipes se déplaceront à Longyearbyen, la plus grande ville du Svalbard, et vers différents sites des Îles Féroé, avec des expériences scientifiques qu'ils préparent depuis longtemps : imagerie de la couronne magnétique et de la chromosphère à haute résolution pour différentes températures d'ionisation ; spectroscopie de raies d'émission pour calculer des vitesses non thermiques. L'équipe de l'IAP a préparé plusieurs expériences miniatures : l'une sera tentée au sol (Îles Féroé) et l'autre dans un des avions Falcon 7X qui fait partie des 3 vols conjoints stratosphériques organisés par Xavier Jubier, à partir de l'aéroport du Bourget et de Genève. Ce type d'expériences (imagerie et spectroscopie) permet d'étudier la couronne à travers les hublots, à 14 km d'altitude, en suivant l'ombre de la Lune. La durée maximum de la totalité, au niveau du sol, sera de 2 minutes 44 secondes, tandis qu'à bord d'un avion à réaction, grâce à sa vitesse de déplacement, près d'une minute de totalité supplémentaire sera observable. D'autres avions, en provenance de différent pays d'Europe, ainsi que des Îles Féroé et du Svalbard, suivront la zone de totalité de l'éclipse.
Fig. 1 : Image composite réalisée à partir d'observations simultanées sol- espace durant l'éclipse du 13 nov. 2012 observée en Australie : au centre, en fausses couleurs, image du disque solaire vu dans l'ultraviolet extrême (174 Å) par l'imageur de PROBA 2 (ESA & ROB) ; partie intermédiaire, en bleu clair, image d'éclipse en lumière blanche traitée à partir du composite produit par Jean-Marc Lecleire ; à l'extérieur, en rouge, image de la couronne en lumière blanche obtenue simultanément avec l'instrument C2/LASCO de la mission SOHO (ESA & NASA).
Fig. 2 : Phase partielle de l'éclipse totale de Soleil du 22 juillet 1990, à Joensuu, Finlande, vers 04h20 heure locale.
Photographie : F=700mm, F/D=11.6, T=1/60 sec, film Agfachrome 50 ASA (© Jean Mouette IAP-CNRS-UPMC)
Références
- Bazin, C. and Koutchmy, S. 2013, "Helium shells and faint emission lines from slitless flash spectra", Journal of Advanced Research, Vol. 4, Issue 3, pp. 307-313
- Bazin, C. Koutchmy, S. and Tavabi, E. 2013, "Prominence Cavity Regions Observed Using SWAP 174 Å Filtergrams and Simultaneous Eclipse Flash Spectra", Solar Physics, Volume 286, Issue 1, pp. 255-270
- Bazin, C. Koutchmy, S. Lamy, P. and Veselovski, I. 2014, "The photosphere-corona Interface: enrichement of the corona in low FIP elements and helium shells", Proceedings of the Annual meeting of the French Society of Astronomy and Astrophysics 2014, Eds. J. Ballet, F. Martins, F. Bournaud, R. Monier, C. Reylé, pp. 209-212
Rédaction et contact
- Serge Koutchmy
Institut d’astrophysique de Paris, CNRS, UPMC
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Mise en page : Jean Mouette
Mars 2015