Résumés des conférences publiques en 2019
- 8 janvier 2019 : Jérémy Leconte (chercheur au Laboratoire d'astrophysique de Bordeaux)
- « Trappist-1, ou comment partir à la découverte de nouveaux mondes sans quitter la Terre ferme »
- Située à plus de 4 années lumières, soit plus de 30 000 milliards de kilomètres, même l'exoplanète orbitant l'étoile la plus proche de nous est encore loin d'être à portée de navette spatiale. Heureusement, cela ne nous empêche pas d'explorer ces nouveaux mondes que l'on détecte par milliers. Comment s'y prend-on ? C'est ce que propose de découvrir cette conférence à travers le récit d'une de ces explorations, celle du système de Trappist-1 - un système planétaire pas tout à fait comme les autres...
- 5 février 2019 : Antonella Barucci (astrophysicienne au LESIA, Observatoire de Paris)
- « Les premiers résultats des missions spatiales de retour d'échantillons Hayabusa 2 et OSIRIS-REx »
- Deux missions spatiales de retour d'échantillons de matière inaltérée ont été récemment lancées vers des astéroïdes géocroiseurs primitifs pour étudier leur composition. Ces missions ont le potentiel de révolutionner notre compréhension des propriétés du matériel primitif présent dans le Système solaire et de nous éclairer sur la nature des petits corps. Cela constitue une étape essentielle pour comprendre les conditions primordiales responsables de la formation des planètes et de l'émergence de la vie. À l'inverse des planètes, qui ont subi des processus d'évolution durant leur histoire et ont ainsi été transformées, la plupart des astéroïdes, du fait de leurs petites tailles, sont supposés avoir gardé la mémoire de la composition d'origine du disque proto-planétaire dans lequel ils se sont formés. Ainsi, ils peuvent être considérés comme l'ADN du Système solaire, et nous donner des indications fortes sur l'origine des planètes et de la vie.
La mission Hayabusa 2 a été lancée par la JAXA le 4 décembre 2014. Elle a atteint l'astéroïde primitif Ryugu en juin 2018 et elle l'étudie depuis lors avec ses huit instruments. La sonde effectuera plusieurs prises d'échantillon, en surface ou en profondeur au moyen d'un impacteur. Ces échantillons seront rapportés sur Terre en décembre 2020.
La mission OSIRIS-REx a été lancée par la NASA le 8 septembre 2016. Elle se mettra en orbite de l'astéroïde primitif Bennu début décembre 2018 pour l'étudier en détail pendant deux ans avec ses cinq instruments. Ils cartographieront l'astéroïde dans les longueurs d'onde du visible, de l'infrarouge et des rayons X. Une cartographie compositionnelle sera effectuée en 2019 pour la sélection du site de collecte des échantillons (entre 60 g et 2 kg) en juillet 2020 avec un retour prévu en septembre 2023.
- 5 mars 2019 : Gilles Chabrier (astrophysicien au CRAL, ENS-Lyon)
- « La formation des structures, du Big Bang aux exoplanètes »
- Au cours de cette conférence nous parcourrons à la fois le temps et l'espace en examinant nos connaissances actuelles concernant la formation des structures dans l'Univers, de la genèse de l'Univers lui-même à la formation des galaxies, des étoiles et des planètes. L'exposé se conclura en examinant la probabilité d'intercepter ou pas un éventuel signal émis par une forme de communication avancée sur une des nombreuses planètes détectées en dehors de notre système solaire.
- 2 avril 2019 : Jean-Pierre Bibring (astrophysicien à l'Institut d'astrophysique Spatiale, Orsay)
- « Mars Express, Rosetta, Hayabusa, ExoMars, MMX : la quête spatiale de "l'émergence" de la vie entre dans une nouvelle ère »
- L'exploration spatiale du système solaire bouscule en profondeur des paradigmes parfois ancestraux, quant à notre conception de la formation et de l'évolution des mondes planétaires. À quelles échelles, dans l'espace et le temps, l'unicité de la Terre et de la vie qu'elle porte prennent-elles sens ? Quelle est la part relative de la contingence et de la généricité, dans les processus responsables des évolutions qui ont conduit à l'extraordinaire diversité qui se révèle à nous aujourd'hui ? Tel est le cadre dans lequel nous discuterons des missions spatiales récentes et en préparation.
- 7 mai 2019 : Roger-Maurice Bonnet (Directeur de recherche émérite au CNRS (IAP), ancien Directeur scientifique de l'Agence spatiale européenne)
- « Battre la NASA ? Impossible ? »
- La NASA (l'agence spatiale des États-Unis) domine toutes les agences spatiales du monde de par la nature, le volume, et le niveau de ses programmes. On l'admire pour ses prouesses, son esprit pionnier, son ambition d'atteindre les horizons inconnus. L'avalanche de découvertes qu'elle a déclenchée nous excite, nous enchante et fait rêver d'au-delàs régulièrement repoussés. Et pourtant, cette énorme machine à découvertes n'est pas invincible.
La conférence offre en exemple l'approche suivie par l'Europe, et avec elle l'Agence spatiale européenne (ESA) et ses états membres, qui l'ont conduite à devenir la seconde puissance spatiale scientifique mondiale. Elle décrira l'approche dite EDD, suivie dans l'élaboration des plans Horizon 2000, 2000+ et ses successeurs, qui repose sur le respect de l'excellence scientifique, la rigueur de gestion et l'innovation. L'exposé sera illustré par les contributions historiques qu'on doit à ce programme, en astronomie, dans l'exploration du Système solaire, de ses planètes, de ses comètes et de la Terre. Comment ces plans ont dominé la coopération internationale et comment ses successeurs pourront continuer d'offrir aux scientifiques européens et ceux du monde entier les occasions de découvertes qui, du « cannocchiale » de Galilée à la mission LISA, futur grand télescope de l'ESA pour l'observation des ondes gravitationnelles, leur permettent de pérenniser le rôle historique de l'Europe dans la compréhension de notre univers et de ses structures.
- 3 septembre 2019 : Paola Di Matteo (astronome à l'Observatoire de Paris - GEPI)
- « Le satellite Gaia, à la recherche du présent et du passé de la Voie Lactée »
- La mission astrométrique Gaia, lancée par l'Agence Spatiale Européenne en 2013, est en train de cartographier en 3D plus d'un milliard d'objets de notre Galaxie, avec une précision inégalée. Pour la première fois, nous avons accès aux mouvements de plusieurs millions d'étoiles, bien au-delà du voisinage solaire, alors que jusqu'à présent ces mesures n'étaient possibles qu'à proximité de notre étoile, le Soleil. Je présenterai les nombreuses premières découvertes de la mission Gaia, et en particulier la façon dont Gaia a permis de « peser » la Galaxie, de mesurer les mouvements d'ensemble des étoiles dans le disque, et de mettre en évidence les traces fossiles de l'accrétion d'une galaxie satellite dans le halo de la Voie Lactée, il y a plusieurs milliards d'années.
- 1er octobre 2019 : Cyril Pitrou (astrophysicien à l'IAP)
- « La synthèse des éléments légers dans l'univers primordial »
- L'essentiel de l'hélium présent dans l'Univers est le résultat de réactions nucléaires présentes au cours des 5 premières minutes, et celui-ci constitue le quart de la matière ordinaire de l'Univers. Ces réactions ont été efficaces car dans sa grande jeunesse notre Univers était riche en neutrons. D'autres éléments légers ont également été formés, notamment le deutérium, mais dans des abondances bien inférieures. Observer les abondances des éléments légers nous permet de comprendre cette phase primordiale autrement inaccessible aux observations directes, et ainsi de contraindre très fortement le modèle cosmologique standard.
- 5 novembre 2019 : Emmanuel Rollinde (enseignant-chercheur au Laboratoire de Didactique André Revuz (LDAR)/Université de Cergy Pontoise (UCP) et Guillaume Hébrard (astrophysicien à l'IAP)
- « Astrophysique et éducation autour de l'exoplanète HD 80606b »
- L'étude du système exoplanétaire HD 80606 permet de mettre en avant une double expertise de l'Institut d'astrophysique de Paris : la recherche en exoplanétologie et la diffusion des connaissances vers les écoles et le public. Depuis juillet 2019, l'orbite de la planète HD 80606b est représentée dans la cour de l'IAP. On peut ainsi y voir certaines des spécificités qui rendent ce système planétaire extrême particulièrement intéressant pour la recherche en astrophysique. Nous présenterons lors de cette conférence des études menées sur le système HD 80606, dont les caractéristiques sont propices au développement de projets pédagogiques.
- 3 décembre 2019 : Karine Bocchialini (professeure à l'université Paris-Sud, chercheure à l'Institut d'Astrophysique Spatiale (Orsay)
- « L'activité solaire et les relations Soleil-Terre »
- Après une présentation générale du Soleil, la conférence se focalisera sur les phénomènes les plus spectaculaires qui caractérisent l'activité périodique de cette étoile « ordinaire », que la météorologie spatiale vise à prévoir. Les événements, plus ou moins violents, comme les éjections coronales de matière aux conditions physiques encore mal comprises, participent aux relations entre le Soleil et la Terre, dont les impacts sur notre planète peuvent être à la fois grandioses sous la forme des aurores polaires ou à risque pour l'activité technologique humaine.