Abstracts of public conferences in 2024
- January 9 2024: Amandine Le Brun (Observatoire de Paris)
- « Les amas de galaxies comme sondes cosmologiques et laboratoires astrophysiques »
- L'existence d'une hiérarchie de structures cosmiques, s'étalant sur une vaste gamme d'échelles spatiales, a été révélée par les observations astronomiques du dernier siècle. Les amas de galaxies occupent une place spéciale dans cette hiérarchie : ils sont les objets les plus massifs à s'être formés suivant le scénario actuel de formation des structures. Dans ce scénario, les objets les plus petits s'effondrent en premier puis fusionnent pour en former de plus en plus grands. La nouvelle génération de relevés cosmologiques atteint désormais la précision nécessaire pour contraindre la nature de la force qui accélère l'accélération de l'expansion de notre Univers. Un parfait exemple est le relevé Euclid qui débutera début 2024 après la fin de la période de validation des performances du télescope.
Tous ces aspects seront abordés au cours de cette présentation. - February 6 2024: Vanessa Hill (Observatoire de la Côte d'Azur)
- « Les étoiles primitives, traces fossiles des origines de notre Voie Lactée »
- Certaines étoiles vivent aussi longtemps que l'âge même de notre Univers : celles nées il y a plus de 13 milliards d'années sont donc toujours autour de nous, véritables « fossiles » témoignant de temps révolus. L'archéologue galactique recherche les traces laissées par les lieux et conditions de formation de ces « fossiles » stellaires dans leur mouvement et leur composition chimique, pour comprendre les origines mêmes de notre Galaxie, la Voie Lactée. Ces étoiles primitives sont l'objet de recherches acharnées, car elles sont rares, et cachées parmi les étoiles formées plus récemment dans notre Galaxie. On peut toutefois les identifier grâce à leur composition chimique : les étoiles les plus primitives ont été formées à partir de matière dont la composition chimique est proche de celle laissée par la nucléosynthèse primordiale, n'incorporant pas, ou très peu, d'éléments lourds synthétisés par les générations successives d'étoiles qui les auraient précédées. Avec le satellite Gaia qui mesure des positions et vitesses particulières de près de deux milliards d'étoiles dans notre Galaxie, et des relevés dédiés à la recherche d'étoiles primitives (par exemple le relevé Pristine du Canada-France-Hawai Telescope), nous sommes aujourd'hui à l'aube de nombreuses découvertes autour des origines de notre Galaxie, utilisant les informations chimico-dynamiques de ces « fossiles ». J'aborderai lors de cette conférence ces différents aspects de la recherche des étoiles primitives et des récents résultats qu'elle a permis de mettre en lumière.
- Mars 5 2024 : Gérard Mourou (Prix Nobel de physique 2018, École Polytechnique)
- « Le laser ultra intense et ses applications en astrophysique et cosmologie »
- La possibilité de produire des impulsions lumineuses d'une puissance crête considérable, de l'ordre du pétawatt (1015 watts, équivalent à un million de réacteurs de 1 gigawatt), associée à la technique d'accélération de particules fondée sur le champ de sillage dans un plasma, pourra fournir des gradients d'accélération du TeV/cm et ouvre des horizons nouveaux à l'astrophysique et la cosmologie. Notamment avec la possibilité de comprendre la production des rayons cosmiques ultra intenses, qui reste une des grandes questions à résoudre aujourd'hui. Les lasers à intensité extrême sont aussi destinés à prendre une place importante dans l'investigation de la nucléosynthèse des éléments lourds. Finalement, par le truchement du principe d'équivalence d'Einstein, des accélérations de l'ordre de dix fois la gravité terrestre et des trous noirs de masse gigantesque pourraient être réalisés et étudiés.
- April 2 2024: Florent Leclercq (IAP)
- « Énergie noire et intelligence artificielle »
- Une des frontières majeures de la cosmologie contemporaine est d'élucider la nature de l'énergie noire, qui est responsable d'un phénomène mystérieux : l'accélération de l'expansion de l'Univers. Au cours de cette conférence, nous explorerons la physique exotique de l'énergie noire, les différents modèles possibles et leurs implications pour l'avenir de l'Univers. En nous demandant comment mesurer les propriétés de l'énergie noire avec la masse de données qui arrive (des expériences DESI, Euclid, et LSST), nous verrons également qu'une révolution méthodologique est en marche : la quantité d'information que nous allons recevoir ne va pas simplement dépasser la capacité de nos yeux, mais aussi celle de nos cerveaux ! En faisant un détour par l'histoire des sciences de l'information, nous nous demanderons comment la connaissance progresse et si ce processus de progression peut-être automatisé. Pouvons-nous comprendre ce que les algorithmes d'intelligence artificielle perçoivent de notre Univers ?
- May 7 2024: Michel Mayor (Prix Nobel de physique 2019, Université de Genève)
- « D'autres mondes dans le cosmos ? La recherche de planètes similaires à notre Terre et... abritant peut-être la vie ! »
- Existe-t-il d'autres mondes dans l'univers ? La vie existe-t-elle ailleurs dans le cosmos ? La technologie d'aujourd'hui a permis de transformer ce vieux rêve en un domaine fascinant de l'astrophysique. Vingt-huit ans après la découverte de la première planète en orbite autour d'une étoile comme notre Soleil, plusieurs milliers de systèmes planétaires ont été découverts. Ces premières découvertes ont révélé l'étonnante diversité de ces systèmes, très différents de notre propre système solaire. Après l'euphorie de ces premières découvertes, l'ère de l'étude des atmosphères des exoplanètes a maintenant commencé. Malgré l'énorme contraste entre la luminosité de l'étoile et la très faible luminosité réfléchie par la planète, l'analyse atmosphérique commence et bénéficiera des télescopes spatiaux et terrestres.
La vie existe-t-elle dans d'autres parties du cosmos ? Une question vertigineuse. L'analyse des atmosphères planétaires pourrait révéler des biosignatures, c'est-à-dire les caractéristiques spectrales induites par le développement de la vie. Les progrès réalisés dans l'étude spectroscopique des exoplanètes permettent de penser que la recherche de vie extraterrestre est possible.
Galerie photos. - June 4 2024: Arnaud Cassan (IAP)
- « La vie ailleurs ? »
- Pour la science-fiction, en général, l'affaire est entendue : notre Galaxie fourmille de planètes vivantes ; ayant atteint un haut degré de développement technologique, de nombreuses civilisations sillonnent l'espace intersidéral en quête de contact avec d'autres intelligences extraterrestres. Et nous, terriens, rêvons à notre tour de rencontrer d'autres formes de vie que celles que nous côtoyons sur notre minuscule planète bleue, perdue dans l'immensité du Cosmos. Où se situe la limite entre réalité et fiction ? Embrasser les multiples facettes du mystère de la vie, ici et ailleurs, présente un immense défi, tant les questions en suspens abondent. Longtemps, le sujet est resté cantonné à la vie sur Terre, mais l'horizon s'est subitement élargi, il y a trente ans à peine, lorsque les premières exoplanètes ont été découvertes, autour d'autres étoiles que le Soleil. Elles ont depuis révélé leur incroyable diversité, en termes de configurations orbitales, de tailles ou de propriétés physiques. Certaines sont-elles habitables, habitées ? Hébergent-elles de simples microorganismes, ou de véritables civilisations ? A défaut d'une réponse définitive, naviguer dans les arcanes des racines de la vie sur Terre, et saisir les particularités de ces mondes lointains, nous permet de nous forger notre propre opinion, dégagée de toute préconception, de l'existence possible d'une vie ailleurs.
Note du conférencier : cette présentation repose sur des thèmes abordés dans mon livre « Rencontrer la vie ailleurs avec Alien » (Dunod, 2024). - September 3 2024: Éric Lagadec (Observatoire de la Côte d'Azur)
- « Nous sommes des poussières d'étoiles »
- Cette conférence vous propose un voyage dans le temps de plus de 13 milliards d'années, depuis la formation de notre Univers jusqu'à l'apparition de la vie sur Terre. Elle sera l'occasion d'expliquer, de manière simple, comment presque tout ce qui compose notre corps s'est formé dans les étoiles, en se focalisant sur le spectacle céleste de la mort de ces astres. Elle nous expliquera également comment les scientifiques étudient les étoiles et nous présentera les dernières nouvelles de notre Galaxie.
- October 1 2024: Jean-Charles Cuillandre (CEA IRFU)
- « Les premiers résultats du télescope spatial Euclid »
- Euclid, le télescope spatial de l'ESA mis en orbite en juillet 2023 autour du point de Lagrange L2 du système Terre-Soleil, a révélé des capacités sans précédent à travers ses premières observations. Grâce à ses deux instruments opérant dans les domaines visible et infrarouge, Euclid ouvre de nouvelles perspectives sur notre Galaxie et l'univers proche. De la formation stellaire aux amas globulaires et galaxies locales, les premiers résultats couvrent un large éventail. Ces observations contribueront notamment à comprendre l'origine de l'accélération de l'expansion de l'Univers et l'énigme de l'énergie sombre. Avec une mission principale d'une durée de 6 ans, Euclid promet des avancées scientifiques majeures à toutes les échelles et distances de l'Univers. Les premiers résultats, déjà obtenus, seront présentés lors de cette conférence.
- November 5 2024: Alain Lecavelier (IAP)
- « Exocomètes »
- Les exocomètes sont des comètes en orbite autour d'étoiles autres que le Soleil ; les premières ont été découvertes il y a près de 40 ans. Aujourd'hui, elles sont observées grâce aux grands télescopes au sol et aux observatoires spatiaux comme le télescope Hubble, les missions Kepler, Cheops et TESS. Les dernières découvertes nous montrent que, à l'instar des comètes du Système solaire, les exocomètes jouent un rôle essentiel dans l'histoire des systèmes planétaires.
- December 3 2024: Paola Di Matteo (GEPI, Observatoire de Paris-PSL)
- « Les galaxies - un voyage long d'un siècle »
- Il y a tout juste un siècle, Edwin Hubble, astronome à l'Observatoire du Mont Wilson en Californie, faisait à l'âge de 35 ans une découverte qui allait changer le cours de notre connaissance de l'Univers. Il découvre qu'Andromède, classée comme nébuleuse par Charles Messier au siècle précédent, contient des étoiles - les Céphéides - dont la distance est supérieure à la taille de notre galaxie, la Voie lactée. Les nébuleuses spirales, dont l'origine était encore très discutée à l'époque, étaient donc elles aussi composées d'étoiles, des univers-îles semblables au nôtre. D'une certaine façon, les galaxies - dont on sait qu'elles sont des systèmes aussi vieux que l'Univers lui-même - sont nées avec cette découverte, il y a 100 ans. Depuis, les astronomes, à commencer par Hubble lui-même, ont appris que les galaxies se présentent sous des formes variées, parfois très particulières, et que ces formes sont le résultat de leur évolution complexe. Ils ont également appris que si l'expansion de l'univers à grande échelle sépare les galaxies les unes des autres, la gravité continue de dominer à plus petite échelle, de sorte que les galaxies peuvent se trouver en petits groupes, comme dans le cas de la Voie lactée et d'Andromède, ou dans des systèmes de centaines, voire de milliers de galaxies, comme dans les amas. À l'occasion de l'anniversaire de cette découverte fondamentale, et à l'occasion d'un symposium scientifique international qui se tient cette semaine même à l'Institut d'astrophysique de Paris et qui est consacré au télescope spatial James Webb et aux nouvelles connaissances qu'il a apportées, nous reviendrons sur ce siècle de découvertes, depuis la définition de ce qu'est une galaxie jusqu'aux questions que la communauté scientifique se pose aujourd'hui sur la naissance et l'évolution de ces systèmes.