La médaille de l’IAP a été créée en
1985 par Jean Audouze sur une proposition de Daniel Kunth, le
fondateur des colloques de l’IAP. Elle permet d’honorer un astronome
qui s’est particulièrement illustré dans les grandes thématiques de
recherche abordées par les colloques de l’IAP et de porter cette
reconnaissance à l’attention du grand public et des jeunes
scientifiques.
Les colloques de l’IAP abordent les problèmes d’actualité les plus
brûlants de cosmologie, d’astrophysique et de planétologie, ceux qui
sont sur le devant de la scène dans les années en cours. Cette
démarche nécessite naturellement un travail de synthèse sur toutes
les étapes du progrès des connaissances théoriques et
observationnelles qui ont conduit aux interrogations ou aux nouveaux
résultats du moment. La médaille de l’IAP veut ainsi rappeler que la
recherche porte toujours les fruits d’un effort collectif qui
transcende les frontières, les cultures et le temps. Elle est aussi
le symbole de la reconnaissance portée à tous nos collègues
étrangers, professeurs en années sabbatiques, jeunes docteurs,
étudiants ou visiteurs qui viennent pour un temps en France joindre
leur effort au nôtre, et en particulier ceux qui rejoignent le
laboratoire européen de l’IAP pour y maintenir une dimension de
recherche internationale.
Sur le thème de la nature et de la géométrie des halos de matière
noire qui a été choisi pour 2005, nous aurions pu honorer plusieurs
savants tant dans le domaine observationnel que dans le domaine
théorique. Sur la liste des noms de lauréats possibles une unanimité
s’est immédiatement dégagée sur le nom de madame la professeure
Sandra M. Faber qui a été retenue pour la qualité de ses
contributions à l’astronomie et pour l’exemple de vitalité et
d’intelligence apporté à tous et plus particulièrement aux
étudiants.
Sandra M. Faber est professeure à l’Université de Californie à Santa
Cruz et astronome à l’observatoire de Lick. Elle est l’auteure de
plus de 370 articles dont la plupart dans des revues à comité de
lecture qui traitent de la cosmologie et de l’histoire de la
formation des galaxies. Peu de temps après son travail de thèse elle
publie en 1976 son article « phare » sur la relation qui lie la
dispersion de vitesse des étoiles au centre des galaxies elliptiques
à la luminosité de ces galaxies. La corrélation qui est établie
entre ces deux paramètres est si forte qu’elle devient rapidement
connue sous le nom de loi de Faber-Jackson. Une loi qui est une des
pierres angulaires sur laquelle se fonde notre compréhension
théorique de la formation et de l’évolution des galaxies
elliptiques, mais aussi des liens qui existent entre la masse
stellaire de ces objets, les halos de matière noire et la masse des
trous noir super-massifs qui existent au centre de ces galaxies.
Avec la revue de ces premiers travaux, écrite en 1979 dans Annual
Review of Astronomy and Astrophysics, ont pouvait croire qu’avec
cette contribution observationnelle d’importance exceptionnelle
Sandra M. Faber avait atteint l’apogée de sa carrière d’astronome.
Cependant Sandra Faber continue à questionner la communauté
astronomique en 1984 et 1989 avec deux autres contributions de même
ampleur. L’une théorique signée avec Blumenthal, Primack et Rees où
elle incorpore pour la première fois le spectre de fluctuations de
densités prédits par les modèles cosmologiques faisant appel à de la
matière noire froide dans des modèles de formation des galaxies (Codl
Dark Matter Theory). Le colloque de l’IAP montrera combien il est
difficile de mettre réellement cette théorie en défaut. La seconde
contribution avec Lynden-Bell et ses collaborateurs concerne la mise
en évidence d’un grand flot de galaxies qui semble couler vers un
grand attracteur de plus de 50 millions de milliards de fois la
masse solaire. Ce travail apporte la preuve de l’existence de
gigantesques structures de matière noire. Chacun de ces articles est
cité plus de 500 fois dans la littérature spécialisée ce qui est une
performance exceptionnelle.
Ces dix dernières années, Sandra M. Faber a publié plusieurs autres
articles incontournables sur l’interprétation des observations du
télescope spatial Hubble. Ils permettent de déduire les paramètres
physiques qui caractérisent les diverses familles de galaxies. Elle
fût aussi une des actrices de la mise en évidence d’une relation
inattendue entre la masse des trous noirs super massifs situés au
centre des galaxies et la luminosité de ces galaxies. Enfin, elle
joue un rôle de leader dans l’exploration de l’Univers lointain avec
le projet DEIMOS, un des plus ambitieux projet de relevé
spectroscopique des galaxies de grand décalage spectral sur le
télescope Keck de 10 mètres de diamètre.
L’œuvre scientifique de Sandra M. Faber laissera une trace dans
l’histoire de l’astronomie observationnelle. La médaille de l’IAP
lui sera remise en reconnaissance des mérites de ses travaux
scientifiques et de l’exemplarité de son engagement personnel dans
la recherche astronomique.
|