Actualité - La Une  

La manip du jour


Lundi 26 mars : mesure de la polarisation de la couronne

Jean-Marie Munier est physicien à l´Observatoire de Paris.

Il cherche à mettre en évidence les variations de la polarisation dans tous les filaments de la couronne jusqu´à la plus grande distance possible. Pour y parvenir, il fera tourner un filtre polarisant devant l´objectif de 500 mm de focale de son boîtier Leica 24x36.  

Ce filtre a 8 positions par tour, et à chacune de ces positions il prendra un cliché. À chaque tour, le temps de pause sera différent : le premier tour, une demi seconde ; le deuxième, 2 secondes ; le troisième, 8 secondes…

Le dispositif inclut également un masque dit afocal, pour compenser la différence importante de luminosité entre la couronne interne et la couronne externe.

Jean-Marie sera le seul à utiliser un film argentique (Fuji 200 asa) pour son expérience.


Photo : Odile Wurmser
 

Dimanche 26 mars : spectroscopie sur la couronne

Marie-France Balestat et Bernard Arquier

Chaque raie donne un élément du Soleil et la température précise. Il y a deux façons de décomposer la lumière en raies : moyennant un prisme ou un réseau. Dans cette manip, on utilise un réseau plein de petits traits (gravures) parallèles (600 traits par mm).

Marie-France et Bernard utiliseront un réseau associé à une camera numérique pour enregistrer la partie bleue du spectre solaire dix secondes avant la totalité (particulièrement la raie H-beta, He neutre à 4713 angströms et HeII ionisé à 4686 angströms). A ce moment là, le spectre sera balayé du bleu au rouge.

Comme il leur faut un contrepoids pour équilibrer leur monture équatoriale, ils ont installé un appareil numérique avec un téléobjectif de 400 mm de focale pour faire quelques images de la couronne.

L´objectif scientifique est d´obtenir le spectre de la couronne, le spectre flash (celui de la chromosphère) et éventuellement des variations de température selon l´altitude dans la couronne.
 


Photo : Marie-France Balestat
 

Samedi 25 mars : imagerie infrarouge de la couronne

Serge Koutchmy, Jacques-Clair Noëns, Raphaël Jiménez, Odile Wurmser

Comme d´habitude pendant une éclipse, l´objet d´intérêt est la couronne solaire. Cette fois il s´agit de la couronne profonde très peu brillante, qui est une région normalement inaccessible avec un coronographe.

L´émission propre de la couronne représente très peu par rapport à la lumière de la photosphère, diffusée par les ions et électrons de la couronne. Ce qu´on voit principalement est la lumière du Soleil diffusée.

Ils utiliseront un objectif photographique de 300 mm, avec un filtre interférentiel et une caméra CCD.

Ce type de filtre est utilisé pour sélectionner certaines raies. On cherche à observer deux raies avec deux températures différentes, celle du Fer XII (1 800 000 K) et la raie verte (2 000 000 K).

Le fer, qui émet dans l´infrarouge, n´est pas très lumineux, ce qui nécessite un temps d´exposition plus long pour chaque image. Mais, à cette longueur d´onde le ciel est plus noir ce qui permet d´obtenir de meilleures images.

 


Photo : Jaime Villinga
 

Vendredi 24 mars : photographies haute-résolution de la couronne 

En lumière blanche

Thierry Legault est astronome amateur et photographe. Il est coauteur, avec Serge Brunier, de l´Atlas de la Lune, chez Larousse et s´apprête à publier un livre de référence sur les techniques de photographie en astronomie, chez Eyrolles.

Pendant la phase de totalité de l´éclipse, il prendra des photos de la couronne avec des temps de pause de plus en plus longs (entre 1 millième de seconde et une seconde).Ces photos seront combinées à l´aide d´un logiciel de traitement d´images (Adobe Photoshop CS). L´objectif est d´obtenir une image de la couronne jusqu´à 4 rayons solaires.

L´instrument utilisé sera une lunette de 106 mm de diamètre et de 850 mm de focale couplé à un appareil numérique avec un capteur de 11 millions de pixels, format 24x36mm.

D´autre part, Thierry essayera d´obtenir une vue de tout le ciel pendant la totalité, qui inclura le Soleil éclipsé, la planète Vénus, peut-être quelques étoiles brillantes… Pour cela il utilisera un appareil numérique avec un fish-eye, qui est un objectif photo de très grand champ.
 


Image sur 360° (fish-eye) du ciel ce matin depuis notre site (photo : Thierry Legault)

 

En lumière verte et blanche

Christian Viladrich est astronome amateur et photographe. Il a participé à plusieurs missions d´observation au coronographe, ainsi que durant plusieurs éclipses avec Serge Koutchmy.

Sa manip est complémentaire de celle de Thierry Legault. Il prendra des photos de la couronne pendant la totalité avec un temps de pause d´un centième de seconde. Ces photos seront combinées à l´aide d´un logiciel de traitement d´images astronomiques (Iris). Son objectif est aussi d´obtenir une image de la couronne jusqu´à 4 rayons solaires.

L´instrument utilisé est une lunette de 106 mm de diamètre et de 850 mm de focale montée sur une monture équatoriale motorisée, couplée à un capteur CCD grand format refroidit, 24x36mm. Cet instrument permet de faire des mesures précises d´intensité de lumière, à la fois sur un grand champ et avec une grande résolution.

Christian a été le premier astronome amateur au monde à avoir photographié en 1998, la lumière cendrée pendant une éclipse totale de soleil. La face de la Lune visible depuis la Terre au moment de l´éclipse est alors éclairée faiblement par la lumière du Soleil réfléchie par notre planète.
 


La couronne solaire et la lumière cendrée observée en Guadeloupe lors de l´éclipse de 1998
(photo : Christian Viladrich)

 

Jeudi 23 mars : analyse de la structure magnétique de la couronne par imagerie en lumière blanche

Actuellement, le Soleil va vers un minimum d´activité de son cycle de onze ans. Nous nous attendons ainsi à trouver une couronne de forme allongée à l´équateur, comme en 1995 lors du dernier minimum.
 


Morphologie de la couronne de minimum d’activité (image en « négatif », d’après des images produites par V. Rusin et M. Druckmüller de la couronne de l’éclipse du 24 octobre 1995).
 

Une image de la couronne attendue pour l'éclipse du 29 mars a même été produite grâce à des simulations numériques basées sur des considérations théoriques. Ce travail est dû à une équipe de théoriciens travaillant sous la direction de Zoran Mikic à San Diego (USA).



Les observations donneront-elles raison à cette prédiction ?

 
La structure de la couronne solaire révèle les lignes de force du champ magnétique

Jean Mouette, photographe à l´IAP, utilisera une lunette astronomique de 102 mm de diamètre et de 880 mm de focale, à laquelle sera couplé un appareil reflex photo numérique de 6,1 millions de pixels. L´originalité de cette expérience consiste à utiliser un masque dit afocal, pour compenser la différence importante de luminosité entre la couronne interne et la couronne externe.
 
Cette couronne photographiée en lumière blanche montrera donc la morphologie du champ magnétique coronal. Celui-ci joue un rôle fondamental dans l'explication du processus d´accélération des particules dont la couronne est le siège. En effet, le gaz ionisé de la couronne est confiné par le champ magnétique représenté par ces lignes de force. En interprétant cette image, on pourra peut-être mieux comprendre le rôle de ce champ magnétique dans la formation du vent solaire.

 

Mercredi 22 mars : la chromosphère
 
Jaime Vilinga, qui fait sa thèse à l´IAP sous la direction de Serge Koutchmy, cherche à mesurer l´épaisseur de la chromosphère.

Rappelons-nous que la photosphère est la surface visible du Soleil, et que la chromosphère et la couronne constituent son atmosphère. Normalement, la couronne solaire est invisible depuis la Terre, parce la lumière du Soleil, diffusée par l’atmosphère terrestre, rend le ciel trop brillant.

Cette lumière peut se décomposer en raies à l´aide d´un prisme ou d´un réseau. Chaque raie est la signature d´un élément chimique, qui donne une indication sur la température de la région observée. En les étudiant, on obtient des informations sur la composition chimique de notre étoile.  

Actuellement, le Soleil va vers son minimum d´activité, qui correspond à un cycle de onze ans. En cette période de minimum, la chromosphère présente un allongement aux pôles. C´est ce que Jaime va chercher à mesurer.

Il sera donc un des rares à observer cette éclipse non pas pour la couronne solaire mais pour la chromosphère. Il utilisera deux instruments :

-  Un télescope (réflecteur, qui utilise un miroir) de 90 mm de diamètre avec un appareil photo numérique.

-  Une lunette (réfracteur, qui utilise un objectif à lentilles) de 63 mm de diamètre avec une caméra vidéo.

Les deux instruments vont faire la même expérience, mais le télescope verra le Soleil en entier alors que la lunette n´en verra qu´une partie, avec une meilleure précision.

L´objectif de son expérience est de déterminer l'extension de la chromosphère à l´équateur et à un pôle du Soleil. Pendant une éclipse, la partie visible de cette chromosphère à la forme d'un mince croissant coloré rose et n´est visible que pendant peu de temps (c´est seulement peu avant et peu après le deuxième et le troisième contact que cette observation est possible).

En dehors des éclipses, on ne voit la chromosphère qu´avec des filtres qui sélectionnent des raies du spectre solaire. Ces prochains jours, Jaime va prendre des images de la chromosphère en H-alpha tandis que pendant l´éclipse il l´observera dans tout le domaine du visible.

En comparant les mesures prises avant et pendant l´éclipse, dans des longueurs d´ondes différentes, il pourra étalonner des observations futures qui seront effectuées à d'autres périodes du cycle, et trouver comment l'extension de la chromosphère varie en fonction de ce cycle d'activité solaire.

Voir aussi :

Contacts
Serge Koutchmy
IAP-CNRS-UPMC
98bis boulevard Arago - 75014 Paris - tél. 00 33 (0)1 44 32 80 56

Textes d'Annia Domènech et Jean Mouette
avril 2006